vendredi 24 mars 2017

BRAIN SALAD SURGERY (1973)



Intro
Au-delà de la subjectivité des préférences, un fait sur Emerson, Lake & Palmer demeure irréfutable, il est le "supergroupe" (groupe constitué de musiciens déjà connu, oeuvrant précédemment au sein de formations clés du prog) le plus connu de l'histoire du rock progressif et peut-être bien de la musique, tout courant confondu. En proposant une combinaison mélangeant musique classique (dans les structures comme dans l’orchestration) et rock expérimental, mariant complexité et progressivité, ce trio résume à lui seul tout un pan du rock progressif, genre qu’il a pleinement contribué à fonder dès son premier album. 

Cette formation anglaise est constitué de musiciens multi-instrumentistes de premier ordre, à commencé par Keith Emerson, ex-fondateur du groupe The Nice et que plusieurs considèrent encore aujourd’hui comme le plus grand claviériste de la musique moderne. Sans confirmer ce rang absolu, on ne peut que constater le prodige technique tant au piano qu’à l’orgue Hammond. Maîtrise qui s’exprime aussi dans sa faculté à assembler lui-même un synthétiseur Moog reçu en morceaux par la poste, pour en faire un engin gros comme une armoire (rappelons que les ordinateurs de l’époque prenaient la taille de votre salon …) Quitte à lui assener quelques coups de pieds et même quelques coups de poignards dans la transe du concert, ce qui lui vaudra un motif supplémentaire d’être comparé à Jimi Hendrix (avec qui ELP a failli former un supergroupe logiquement baptisé HELP par la presse anglaise, n’eut été du décès imprévu du virtuose guitariste). Disciple du compositeur hongrois Béla Bartok (1881-1945) et passionné de nouvelles technologies, Emerson est en recherche permanente de nouveaux sons, ses résultats servant de référence à de nombreux groupes au cours de la décennie suivante. 

En 1970, Greg Lake est, lui aussi, bien connu des amateurs de rock progressif pour avoir été le bassiste et chanteur de King Crimson. Ayant offert au monde l’acte fondateur du genre avec In The Court Of The Crimson King. S’il est moins coté que Robert Fripp, Greg Lake se révèlera également un guitariste talentueux au sein d’ELP (on lui donne la lourde commande de remplir le rôle que le groupe prédestinait à Hendrix) et un compositeur inspiré. Mais bien plus que tout cela, pour bien des fans de prog, Lake fait parti, avec Jon Anderson et Peter Gabriel, de la sainte trinité vocale du courant. Sa voix, peut-être moins particulière que celle d’Anderson ou moins théâtrale que Gabriel, est tout de même unique en son genre et en à fait rêvé plusieurs.

Complétant le trio et considéré également comme un virtuose, le jeune batteur Carl Palmer n’est pas en reste pour donner la réplique rythmique à ses prestigieux compères. Considéré comme l’un des plus grands de sa profession, le batteur amena beaucoup plus que son talent de musicien, mais est également responsable de la composition de plusieurs chansons à succès du groupe. Sans oublier, pour les habitués de ELP, Palmer est surtout reconnu pour son ‘‘steel drum’’ aux allures futuristes, muni particulièrement d’un synthétiseur percussionniste encastré dans la grosse caisse. C’est grâce à cet engin, entres autres, qu’il peut créer des sons semblant venu de l’espace (entendu dans le mythique Karn Evil 9, par exemple).

La raison principale justifiant le fait que l’album Brain Salad Surgery est, selon moi, le meilleur album de ELP réside simplement dans la qualité de sa musique, dont la forte personnalité la rend vite identifiable, instaurant des ambiances remarquables, crépusculaires et fantastiques, et développant des mélodies prenantes.


Couverture

La couverture de l'album comporte des œuvres biomécaniques monochromes distinctes créées par Hans Rudolf Giger (il sera engagé, en 1979, pour créer la créature et le vaisseau étranger du film Alien, de Ridley Scott. Il partage l'Oscar des effets spéciaux pour ce film), intégrant un mécanisme industriel à crâne humain et le nouveau logo ELP (également créé par Giger). Graphiquement rien ne s’approchait d’une telle apparence, l’image devient rapidement un symbole culte. Cette œuvre a surtout souligné la fascination du groupe envers la science-fiction, thème qui est très exploité dans la carrière musicale de ELP.


Chansons

1. Jerusalem (2:44) 

Jérusalem est un hymne traditionnel composé en 1916 par Hubert Parry, adapté d'un poème de Sir William Blake (daté des années 1800). Jamais avant ou même après Brain Salad Surgery y a-t-il eu une adaptation aussi unique de cette œuvre si important à la culture Britannique. C'est un autre exemple parfait de réadaptation particulière du groupe ELP d'un classique, ou dans ce cas un hymne, tout en y incorporant de nombreux concepts de rock progressifs. Le focus principal de cette chanson est la batterie de Carl Palmer, dont le jeu complexe et rapide éclipse même le grand Keith Emerson, dont l’utilisation du clavier et de l’orgue est typiquement normal lorsqu’on la compare à la majorité des œuvres du groupe. Quoiqu’il en soit, le travail d’Emerson sur la pièce Jérusalem exécute parfaitement son rôle, consistant à créer une ambiance sur laquelle Palmer et Lake ajoute une âme. Comme d'habitude, la voix magique de Greg Lake rend parfaitement justice à l'hymne, une belle interprétation d'un beau poème.

Lien de la chanson :


2. Toccata (7:23) 

Toccata, une adaptation du Concerto pour piano n ° 1 Opus 28, 4ème Mouvement (Toccata concertata) du compositeur argentin Alberto Ginastera, est une pièce incroyable de la musique rock. L'arrangement innovateur d'Emerson de ce travail de et d'orchestre est parfait. En 1973, il a visité Ginastera, chez lui, à Genève, pour demander son approbation de l'adaptation moderne. Comme Emerson l'a raconté dans les notes de manchon de la Rhino Records, à l'audition des cinq ou six premières barres Ginastera a crié "Diabolique!". Et, après avoir rembobiné la bande et écouter jusqu'à la fin, il a déclaré: ‘’C'est incroyable! Vous avez parfaitement capturé l'essence de ma musique, et personne n'a jamais fait cela avant’’. Si vous écoutez l'œuvre originale de Ginastera pour piano et orchestre, vous allez conclure que c'est une excellente pièce frénétique et que ELP lui a parfaitement rendu justice. Le jeu de clavier puissant d'Emerson et les percussions variées et expertes de Palmer (y compris les synthétiseurs de batterie pour la première fois) fonctionnent parfaitement. 

Lien de la chanson :


3. Still... You Turn Me On (2:53) 

Still..You Turn Me On est une belle ballade de Lake sur l'amour non récompensé. Le charmant accordéon, le clavecin et le synthétiseur de Keith Emerson accompagnent la guitare acoustique et la douce voie mélancolique de Lake pendant les versets. Le tout légèrement pimenté d’un amusant solo de synthétiseur à la fin de la pièce.

Lien de la chanson :


4. Benny The Bouncer (2:21) 

Benny The Bouncer est rien de plus qu’un léger intermède sur l'album. Il me rappelle Jeremy Bender et Are You Ready Eddy sur «Tarkus», et The Sheriff sur Trilogy. Comme d'habitude, nous avons le piano de bar d'Honky-tonk d'Emerson à certains endroits, avec des pinceaux de tambour et des cymbales de Palmer. Les paroles sont amusantes et intelligentes, volontairement irrévérencieuses et extrêmement violentes "Well they dragged him from the wreckage of the Palais in bits. They tried to stick together all the bits that would fit. But some of him was missing and "part of him" arrived too late, so now he works for Jesus as the bouncer at St. Peter's gate".

Lien de la chanson :


5. Karn Evil 9 (29:40)

La pièce de résistance de l'album Brain Salad Surgery est l'une des plus grande chanson de toute la carrière de Emerson Lake & Palmer. Karn Evil 9 est une piste de science-fiction de 30 minutes qui redéfinit le mot épique. C'est une chanson entièrement séparée (en 3 mouvements) en raison des limitations du format LP, mais chaque partie est différente et absolument unique.


1st Impression

La longue 1ère impression a été à l'origine scindé en deux afin de tenir sur un LP (il y avait un fondu sur le côté A et, sur le côté B, un fondu avec Greg Lake introduisant la célèbre phrase "Welcome back my friends to the show that never ends…"). Le fade-out n'existe plus sur le CD, mais les claviers et le tambourin «intermission» à ce point dans le chant demeure. La 1ère impression est toute en puissance, surtout due au vibrant synthétiseur de Keith Emeron et à Greg Lake qui entoure les paroles avec des sentiments, dans sa voix ténor si pure. Les paroles de la première partie sont très poétiques et pleines d'angoisse, puis elle se tournent vers un ton plus amusant, l'appelant de style de cirque moqueur pour lequel cet album est probablement le plus célèbre. Les paroles de cette section sont également excellentes: de nouveau irrévérencieuses à certains endroits, et parfois cyniques.


2nd Impression

La 2ème impression commence assez calmement avec la batterie de Palmer et Emerson sur le piano semblant presque jazzy. Ensuite, le tempo devient assez funky, avec le synthétiseur d'Emerson sonnant comme des tambours d'acier des Caraïbes. Le piano devient alors l'instrument prédominant avec la batterie de Palmer à l'appui, passant par une période très calme et puis en augmentant le tempo et en devenant jazzy une fois de plus.


3rd Impression

La 3ème impression démarre avec le synthétiseur d'Emerson sonnant comme un appel de clarinette, avec l’orgue Hammond et Moog utilisés tout au long de la piste futuriste. Elle rappelle d'abord un chant militaire, puis il devient évident que c'est le conte souvent raconté que l'homme est envahi par des machines de sa propre fabrication. Une voix de robot d'ordinateur confirme l'adhésion à la fin de la piste. Étant donné qu'en 1973, lorsque cet album a été publié, les ordinateurs étaient de la taille de grandes salles, avec la mémoire de cœur ferromagnétique, le stockage de bande magnétique et la saisie de données de ‘’punch-card’’, cet album est d'autant plus pionnier. Le groupe utilisait des instruments électroniques (quoique analogiques) produisant des sons très futuristes et avec une sensation de science-fiction à la musique. Un thème pour lequel ELP est reconnu comme le plus grand revendicateur du genre. 

Lien de la chanson :

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