dimanche 26 mars 2017

MON TOP 50 DES PLUS GRANDES CHANSONS DU ROCK PROGRESSIF





50. FOOL'S OUVERTURE - SUPERTRAMP






49. MASTER BUILDER - GONG




48. PEACHES IN REGALIA - FRANK ZAPPA




47. A PASSION PLAY - JETHRO TULL




46. BAKER STREET MUSE - JETHRO TULL




45. MUMPS - HATFIELD AND THE NORTH




44. MOON IN JUNE - SOFT MACHINE




43. WINTER WINE - CARAVAN




42. IL BANCHETTO - PREMIATA, FORNERIA, MARCONI




41. THE RUNAWAY - GENTLE GIANT




40. LEMMINGS - VAN DER GRAAF GENERATOR




39. US AND THEM - PINK FLOYD




38. NIMRODEL / THE PROCESSION / THE WHITE RIDER - CAMEL




37. PARANOID ANDROID - RADIOHEAD




36. LARKS' TONGUES IN ASPIC - KING CRIMSON




35. OMMADAWN - MIKE OLDFIELD




34. EPITAPH - KING CRIMSON




33. CYGNUS X-1 BOOK II HEMISPHERES - RUSH




32. HEART OF THE SUNRISE - YES




31. KNOTS - GENTLE GIANT




30. ATOM HEART MOTHER SUITE - PINK FLOYD




29. THE MUSICAL BOX - GENESIS




28. IN A GLASS HOUSE - GENTLE GIANT




27. HAMBURGER CONCERTO - FOCUS




26. LA VILLA STRANGIATO - RUSH




25. APPENA UN PO - PER UN AMICO




24. DOGS - PINK FLOYD




23. DANCING WITH THE MOONLIT KNIGHT - GENESIS




22. GATES OF DELIRIUM - YES




21. SONG OF SCHEHERAZADE - RENAISSANCE




20. STARSHIP TROOPER - YES




19. STARLESS - KING CRIMSON




18. KARN EVIL 9 - EMERSON, LAKE & PALMER




17. LADY FANTASY - CAMEL




16. NINE FEET UNDERGROUND - CARAVAN




15. TIME - PINK FLOYD




14. TUBULAR BELLS - MIKE OLDFIELD



13. FIRTH OF FIFTH - GENESIS




12. 2112 - RUSH




11. AND YOU AND I - YES




10. A PLAGUE OF LIGHTHOUSE KEEPERS - VAN DER GRAAF GENERATOR




9. 21st CENTURY SCHIZOID MAN - KING CRIMSON




8. THE CINEMA SHOW - GENESIS




7. IN THE COURT OF THE CRIMSON KING - KING CRIMSON

http://www.dailymotion.com/video/x34b8ba



6. ECHOES - PINK FLOYD




5. CLOSE TO THE EDGE - YES




4. THICK AS BRICK - JETHRO TULL




3. TARKUS - EMERSON, LAKE & PALMER




2. SUPPER'S READY - GENESIS






1. SHINE ON YOU CRAZY DIAMONDS - PINK FLOYD




vendredi 24 mars 2017

BRAIN SALAD SURGERY (1973)



Intro
Au-delà de la subjectivité des préférences, un fait sur Emerson, Lake & Palmer demeure irréfutable, il est le "supergroupe" (groupe constitué de musiciens déjà connu, oeuvrant précédemment au sein de formations clés du prog) le plus connu de l'histoire du rock progressif et peut-être bien de la musique, tout courant confondu. En proposant une combinaison mélangeant musique classique (dans les structures comme dans l’orchestration) et rock expérimental, mariant complexité et progressivité, ce trio résume à lui seul tout un pan du rock progressif, genre qu’il a pleinement contribué à fonder dès son premier album. 

Cette formation anglaise est constitué de musiciens multi-instrumentistes de premier ordre, à commencé par Keith Emerson, ex-fondateur du groupe The Nice et que plusieurs considèrent encore aujourd’hui comme le plus grand claviériste de la musique moderne. Sans confirmer ce rang absolu, on ne peut que constater le prodige technique tant au piano qu’à l’orgue Hammond. Maîtrise qui s’exprime aussi dans sa faculté à assembler lui-même un synthétiseur Moog reçu en morceaux par la poste, pour en faire un engin gros comme une armoire (rappelons que les ordinateurs de l’époque prenaient la taille de votre salon …) Quitte à lui assener quelques coups de pieds et même quelques coups de poignards dans la transe du concert, ce qui lui vaudra un motif supplémentaire d’être comparé à Jimi Hendrix (avec qui ELP a failli former un supergroupe logiquement baptisé HELP par la presse anglaise, n’eut été du décès imprévu du virtuose guitariste). Disciple du compositeur hongrois Béla Bartok (1881-1945) et passionné de nouvelles technologies, Emerson est en recherche permanente de nouveaux sons, ses résultats servant de référence à de nombreux groupes au cours de la décennie suivante. 

En 1970, Greg Lake est, lui aussi, bien connu des amateurs de rock progressif pour avoir été le bassiste et chanteur de King Crimson. Ayant offert au monde l’acte fondateur du genre avec In The Court Of The Crimson King. S’il est moins coté que Robert Fripp, Greg Lake se révèlera également un guitariste talentueux au sein d’ELP (on lui donne la lourde commande de remplir le rôle que le groupe prédestinait à Hendrix) et un compositeur inspiré. Mais bien plus que tout cela, pour bien des fans de prog, Lake fait parti, avec Jon Anderson et Peter Gabriel, de la sainte trinité vocale du courant. Sa voix, peut-être moins particulière que celle d’Anderson ou moins théâtrale que Gabriel, est tout de même unique en son genre et en à fait rêvé plusieurs.

Complétant le trio et considéré également comme un virtuose, le jeune batteur Carl Palmer n’est pas en reste pour donner la réplique rythmique à ses prestigieux compères. Considéré comme l’un des plus grands de sa profession, le batteur amena beaucoup plus que son talent de musicien, mais est également responsable de la composition de plusieurs chansons à succès du groupe. Sans oublier, pour les habitués de ELP, Palmer est surtout reconnu pour son ‘‘steel drum’’ aux allures futuristes, muni particulièrement d’un synthétiseur percussionniste encastré dans la grosse caisse. C’est grâce à cet engin, entres autres, qu’il peut créer des sons semblant venu de l’espace (entendu dans le mythique Karn Evil 9, par exemple).

La raison principale justifiant le fait que l’album Brain Salad Surgery est, selon moi, le meilleur album de ELP réside simplement dans la qualité de sa musique, dont la forte personnalité la rend vite identifiable, instaurant des ambiances remarquables, crépusculaires et fantastiques, et développant des mélodies prenantes.


Couverture

La couverture de l'album comporte des œuvres biomécaniques monochromes distinctes créées par Hans Rudolf Giger (il sera engagé, en 1979, pour créer la créature et le vaisseau étranger du film Alien, de Ridley Scott. Il partage l'Oscar des effets spéciaux pour ce film), intégrant un mécanisme industriel à crâne humain et le nouveau logo ELP (également créé par Giger). Graphiquement rien ne s’approchait d’une telle apparence, l’image devient rapidement un symbole culte. Cette œuvre a surtout souligné la fascination du groupe envers la science-fiction, thème qui est très exploité dans la carrière musicale de ELP.


Chansons

1. Jerusalem (2:44) 

Jérusalem est un hymne traditionnel composé en 1916 par Hubert Parry, adapté d'un poème de Sir William Blake (daté des années 1800). Jamais avant ou même après Brain Salad Surgery y a-t-il eu une adaptation aussi unique de cette œuvre si important à la culture Britannique. C'est un autre exemple parfait de réadaptation particulière du groupe ELP d'un classique, ou dans ce cas un hymne, tout en y incorporant de nombreux concepts de rock progressifs. Le focus principal de cette chanson est la batterie de Carl Palmer, dont le jeu complexe et rapide éclipse même le grand Keith Emerson, dont l’utilisation du clavier et de l’orgue est typiquement normal lorsqu’on la compare à la majorité des œuvres du groupe. Quoiqu’il en soit, le travail d’Emerson sur la pièce Jérusalem exécute parfaitement son rôle, consistant à créer une ambiance sur laquelle Palmer et Lake ajoute une âme. Comme d'habitude, la voix magique de Greg Lake rend parfaitement justice à l'hymne, une belle interprétation d'un beau poème.

Lien de la chanson :


2. Toccata (7:23) 

Toccata, une adaptation du Concerto pour piano n ° 1 Opus 28, 4ème Mouvement (Toccata concertata) du compositeur argentin Alberto Ginastera, est une pièce incroyable de la musique rock. L'arrangement innovateur d'Emerson de ce travail de et d'orchestre est parfait. En 1973, il a visité Ginastera, chez lui, à Genève, pour demander son approbation de l'adaptation moderne. Comme Emerson l'a raconté dans les notes de manchon de la Rhino Records, à l'audition des cinq ou six premières barres Ginastera a crié "Diabolique!". Et, après avoir rembobiné la bande et écouter jusqu'à la fin, il a déclaré: ‘’C'est incroyable! Vous avez parfaitement capturé l'essence de ma musique, et personne n'a jamais fait cela avant’’. Si vous écoutez l'œuvre originale de Ginastera pour piano et orchestre, vous allez conclure que c'est une excellente pièce frénétique et que ELP lui a parfaitement rendu justice. Le jeu de clavier puissant d'Emerson et les percussions variées et expertes de Palmer (y compris les synthétiseurs de batterie pour la première fois) fonctionnent parfaitement. 

Lien de la chanson :


3. Still... You Turn Me On (2:53) 

Still..You Turn Me On est une belle ballade de Lake sur l'amour non récompensé. Le charmant accordéon, le clavecin et le synthétiseur de Keith Emerson accompagnent la guitare acoustique et la douce voie mélancolique de Lake pendant les versets. Le tout légèrement pimenté d’un amusant solo de synthétiseur à la fin de la pièce.

Lien de la chanson :


4. Benny The Bouncer (2:21) 

Benny The Bouncer est rien de plus qu’un léger intermède sur l'album. Il me rappelle Jeremy Bender et Are You Ready Eddy sur «Tarkus», et The Sheriff sur Trilogy. Comme d'habitude, nous avons le piano de bar d'Honky-tonk d'Emerson à certains endroits, avec des pinceaux de tambour et des cymbales de Palmer. Les paroles sont amusantes et intelligentes, volontairement irrévérencieuses et extrêmement violentes "Well they dragged him from the wreckage of the Palais in bits. They tried to stick together all the bits that would fit. But some of him was missing and "part of him" arrived too late, so now he works for Jesus as the bouncer at St. Peter's gate".

Lien de la chanson :


5. Karn Evil 9 (29:40)

La pièce de résistance de l'album Brain Salad Surgery est l'une des plus grande chanson de toute la carrière de Emerson Lake & Palmer. Karn Evil 9 est une piste de science-fiction de 30 minutes qui redéfinit le mot épique. C'est une chanson entièrement séparée (en 3 mouvements) en raison des limitations du format LP, mais chaque partie est différente et absolument unique.


1st Impression

La longue 1ère impression a été à l'origine scindé en deux afin de tenir sur un LP (il y avait un fondu sur le côté A et, sur le côté B, un fondu avec Greg Lake introduisant la célèbre phrase "Welcome back my friends to the show that never ends…"). Le fade-out n'existe plus sur le CD, mais les claviers et le tambourin «intermission» à ce point dans le chant demeure. La 1ère impression est toute en puissance, surtout due au vibrant synthétiseur de Keith Emeron et à Greg Lake qui entoure les paroles avec des sentiments, dans sa voix ténor si pure. Les paroles de la première partie sont très poétiques et pleines d'angoisse, puis elle se tournent vers un ton plus amusant, l'appelant de style de cirque moqueur pour lequel cet album est probablement le plus célèbre. Les paroles de cette section sont également excellentes: de nouveau irrévérencieuses à certains endroits, et parfois cyniques.


2nd Impression

La 2ème impression commence assez calmement avec la batterie de Palmer et Emerson sur le piano semblant presque jazzy. Ensuite, le tempo devient assez funky, avec le synthétiseur d'Emerson sonnant comme des tambours d'acier des Caraïbes. Le piano devient alors l'instrument prédominant avec la batterie de Palmer à l'appui, passant par une période très calme et puis en augmentant le tempo et en devenant jazzy une fois de plus.


3rd Impression

La 3ème impression démarre avec le synthétiseur d'Emerson sonnant comme un appel de clarinette, avec l’orgue Hammond et Moog utilisés tout au long de la piste futuriste. Elle rappelle d'abord un chant militaire, puis il devient évident que c'est le conte souvent raconté que l'homme est envahi par des machines de sa propre fabrication. Une voix de robot d'ordinateur confirme l'adhésion à la fin de la piste. Étant donné qu'en 1973, lorsque cet album a été publié, les ordinateurs étaient de la taille de grandes salles, avec la mémoire de cœur ferromagnétique, le stockage de bande magnétique et la saisie de données de ‘’punch-card’’, cet album est d'autant plus pionnier. Le groupe utilisait des instruments électroniques (quoique analogiques) produisant des sons très futuristes et avec une sensation de science-fiction à la musique. Un thème pour lequel ELP est reconnu comme le plus grand revendicateur du genre. 

Lien de la chanson :

vendredi 24 février 2017

IN A GLASS HOUSE (1973)



Intro

Formé à la fin des années 60 par les frères Shulman, Gentle Giant est connu comme le groupe de rock progressive le plus paradigmatique (se dit des relations ou des rapports qu'entretiennent des unités linguistiques qui sont substituables dans un même contexte). Avec une musicalité incomparable, ils ont plongés encore plus loin que tout autre groupe dans les motifs inexplorés de la musique progressive. Naviguant sur la musique de chambre classique dissonante du 20e siècle, la musique médiévale, le jazz et le rock, les capacités de multi-instrumentation des musiciens ont donné une telle dynamique à leur musique, qu’elle a établi des paramètres pour toute une génération. Ils ont exploré l’utilisation des synthétiseurs Moogs, des Mellotrons et de la Fender Rhodes avec une telle majesté! Sans oublier d'autres instruments comme les hautbois, les violons, les violoncelles et les cornes. Le groupe a su traverser les années 70 en maintenant un niveau exceptionnel de leur musique, en modifiant leur style au fil des années et en gardant une telle qualité que seuls quelques groupes ont pu faire. Parmi leur magnifique discographie, tous les albums, de Gentle Giant jusqu’à Free Hand, sont essentiels afin de compléter une collection prog adéquate.

L'album In A Glass House marque le point de transition le plus spectaculaire de la carrière de Gentle Giant. Le frère aîné des Shulman, Phil, se sépare du groupe, prenant sa voix et son saxophone avec lui. À partir de ce moment, le son du groupe est remarquablement différent de celui de toutes leurs compositions précédentes. Cela mène surtout à la disparition de l’attitude ludique entendu, entre autre, sur le précédant album : Octopus. Au lieu de cela, nous retrouvons un groupe de musiciens extrêmement sérieux et ambitieux de déterminé à pousser la complexité et l'intensité de leur musique à ses limites absolues. En tant que première version de ce nouveau mode de fonctionnement, In A Glass House est souvent considérée comme le chef-d'œuvre ultime du groupe, leur couronnement et l'un des meilleurs records de prog-rock jamais imaginés. Sans aucun doute, c'est l'album le plus intense de Gentle Giant. La formation de Derek Shulman (chants et saxophone), Ray Shulman (chants et basse), Gary Green (guitares), Kerry Minnear (piano, synthétiseurs, orgues, mellotron et chants) et John Weathers (batterie) fût à son summum de créativité.

L'objectif des membres du groupe était de repousser les limites de la musique populaire contemporaine, au risque d'être impopulaires. Je me souviens d'avoir été quelque peu perplexe par l’étrangeté de cette musique la première fois que je l’ai entendu et un peu incertain de ce qui venait de ce passer. Cependant, avec plusieurs écoutes répétées, leur génie s’est graduellement révélé et bientôt je me suis retrouvé émerveillé par l’intelligence musicale et l'imagination du ‘’gentil géant’’.


Couverture de l’album

La couverture représente un montage du groupe performant en public. L’image à été transformé par un effet négatif, dans laquelle les zones les plus claires apparaissent les plus sombres et les zones les plus sombres apparaissent les plus claires.

La couverture de l'album est une lithographie en noir et blanc du groupe. L’image est recouvert d’un plastique transparent sur une découpe, ayant pour but de donner l’illusion de verre. Il s’agit donc d’une symbolisation par rapport au titre et à l’effet sonore de verre fragmenté durant l’intro et la fermeture de l’album.


Chansons de l’album


1. The Runaway (7:15)

Mélodie : L'album débute avec un son de verre se cassant formant ainsi un motif rythmique en 6/8. Soudainement, la chanson explose dans nos oreilles impatientes. Le riff principal est constitué d'une guitare électrique légèrement déformée et d'une basse tonitruante. Il y a une quantité anormalement modérée du clavier pour une chanson de Gentle Giant. Kerry Minnear fait un excellent travail de chant dans la section centrale, passant de ses notes habituelles hautes à des notes extrêmement basses. Les arrangements et l'instrumentation sont impeccables. Sur The Runaway, Gentle Giant a fait une chanson qui est à la fois pleine de complexités musicales et pourtant étrangement accessible; ce serait un excellent endroit pour débuter l’exploration de ce groupe fantastique.

Paroles : Les paroles suggèrent un condamné qui n’en peut plus de vivre dans sa maison de verre, à savoir, une cellule de prison.



2. An Inmate's Lullaby (4:40)

Mélodie : An Inmate's Lullaby est peut-être une des chansons les plus bizarre de Gentle Giant. Le groupe avait fait des pièces plutôt perplexes tel que Edge of Twilight et Schooldays, cependant celle-ci ne manque jamais à me donner la chair de poule. Utilisant des effets vocaux extrêmement étranges, cette chanson est la définition musicale de la claustrophobie. Bien que les instruments sonnent tranquille, la sonorité donne une étrange sensation de proximité extrême; avec une tonne de glockenspiel, une saisie d'accords de guitare, et des signatures de temps totalement peu conventionnel. Les percussions sont entrecoupées de xylophone étrange. Les signatures de temps polyphoniques ou métronomiques sont distribuées dans les tempos musicaux les plus étranges que je n’ai jamais entendu. La musique rebondit partout et crée l'effet parfait d'être prit au piège dans une cage. Souvent, il y a deux personnes qui chantent en même temps, donnant l'illusion d'un dédoublement de la personnalité qui s'associe bien au thème de la pièce.

Paroles : Le thème traite d’un homme dans un établissement psychiatrique. D'une certaine manière, il est forcé d'habiter une maison en verre, sous réserve des observations et commentaires des spécialistes. Les paroles sont profondément troublantes et bien qu’elles sont chantés par deux voix, semble comme si elles viennent d’une seule personne : ‘‘Eating flowers growing in the garden where there are tasty tulips and I don't care if I wet my trousers’’. Encore plus terrifiantes sont des phrases telles que : ‘‘Hurt myself this morning, doctor gave me warning, and I heard someone saying I think he'll be staying’’. Cette chanson pourrait vous donner des cauchemars, c'est pourquoi elle tient du génie complet.



3. Way of Life (7:52)

Mélodie : La piste suivante, Way of Life, commence par quelqu'un criant 'GO!' Le riff de départ 4/4 rend cette piste sonore beaucoup plus légère que la dernière piste. Vers la marque de 2:30, la chanson change à un son très différent, qui va définir la belle intro. Cette piste a cette saveur médiévale que Gentle Giant aimait explorer, sonnant comme un conte de fées à l'occasion avec des instruments plus adaptés à l'époque Elizabethin du XVIIIe siècle. Ensuite, l'orgue et la guitare lourde rejoint pour nous rappeler qu’il s’agit bel et bien du prog de XXe siècle.

Paroles : Les paroles sont aussi fragmentées et folles que la musique; ‘‘You'll find an answer, You've got to believe in your own way of life, So you'll have to find an answer, You'll have to find a way, try to find, try to find, You'll try to question her, Does she believe in the choice of your life, So you have to try to ask her, when you are away, left behind, out of mind, away.’’ Insanity étant le thème évident de l'album, Way Of Life est une sorte de duel entre la quête de la vie et la bataille de contrôle entre la rationalité et la démence.



4. Experience (7:50)

Mélodie : Experience ouvre le second coté de l’album par une glorieuse fanfare, un haut registre vocal un peu bizarre et quelques lignes de basse merveilleuse. La musique est un cirque de clavier fantaisiste et plusieurs spasmes de guitare frénétique. Les signatures de temps sont tordues en formes et tournées à l'envers, la musicalité du groupe est plus perfectionnée que jamais. Le glockenspiel est suivi de courtoisie par des a capella vocales harmonieuses, la marque de commerce de Gentle Giant. Le mélodie a une sensation de renaissance et les changements de temps en 6 2/3 au delà de 4 sont incomparables, rare sont les musiciens pouvant exécuter ce genre de complexité musicale. Les premières minutes se composent de Minnear chantant réflexivement. Plus tard, entre un riff de basse qui sera l'épine dorsale de la section suivante, Minnear entonne sur un orgue de chapelle solitaire. S’ensuit d’un long solo de guitare après la partie vocale à bascule de Shulman. Il s’agit, à mon avis, de l’un des meilleurs solo de Gary Green. C’est vraiment dommage que ce musicien si talentueux soit si peu connu, à l’instar de tous les musiciens du groupes d’ailleurs. Experience est une piste qui se construit lentement jusqu'à quelque chose de superbe. Bien qu’elle n’est peut-être pas aussi instantanément saisissante que son homologue précédente, cette piste est néanmoins agréable tout au long de son écoute.

Paroles : Les paroles introspectives de Experience sont quelques-unes des meilleures que Gentle Giant ont jamais écrits, car elles décrivent un thème intemporel concernant la vie, l’expérience d’une existence. Plus précisément les conséquences et les avantages causés par l’âge et la sagesse. Une fois de plus le groupe traite d’un sujet très sérieux par une forme plutôt amusante que sombre.



5. A Reunion (2:11)

Mélodie : Débutant par un battement de coeur, rappelant le début de l'album de Dark Side Of The Moon publié dans la même année, A Reunion est la chance que Gentle Giant donne à l’auditeur de reprendre son souffle. Il s’agit d’une pièce acoustique, alors que seul la guitare acoustique et un doux violon sont utilisés. On peut cependant y distinguer une légère touche de basse occasionnelle. Il n'y a rien de particulièrement complexe sur cette piste, mais elle crée un changement très bienvenu dans l'atmosphère de l’album.

Paroles : Les paroles introduit un personnage faisant une sorte de bilan réflectif sur sa vie. Poursuivant le thème de la folie, A Reunion semble mettre en scène le protagoniste, prisonnier de la cellule de verre, dans une autre étape de son cheminement mentale. Il semble être résigner et contemplatif : ‘‘Meeting in this way who could have known, How our destinies and ways apart have grown, Looking still the same after all these years changing only in my memories not clear, and believing all futures we would share’’. Le violon de Ray Shulman traduit brillamment l’émotion des paroles et de la douce voix, presque chuchotante, de Kerry Minnear.



6. In a Glass House (8:26)

Mélodie : Chargé d'un travail de guitare à douze cordes et d'une bonne dose d'ingéniosité, la piste titre est géniale. Une véritable merveille, complémentée par de vastes changements de signature et de tempo. Ouvrant sur des phases complexes constituée de sonorité de basse, de batterie, de violon, de mandoline, de carillons, bref tout ce que les musiciens peuvent avoir sous la main. Le flair des troubadours médiévaux est évident et les chants ont un joli rythme qui jette des images de quelques rêveries fantaisistes. Cette chanson donne le sentiment de deux pièces jointes ensemble, Vers 4 :15, la pause instrumentale est incroyable avec des tonnes de cuivres, bois et une ponctuation de basse dynamique. Elle est impossible à émuler et incroyablement infectieuse. Quand elle entre dans le lourd riff de guitare de Gary Green, l'auditeur est complètement ébahi par la composition étonnante. C'est probablement la plus grande chanson de Gentle Giant. Ils ont littéralement sauvé le meilleur pour la fin. À la fin de la pièce, il y a une conclusion sonore, une sorte de collage à l'album en utilisant des clips de toutes les 6 chansons et le son du verre qui se brise une fois de plus, idem à l’introduction.

Paroles : Les paroles représentent une torsion intéressante dans le concept de l'album : nous percevons généralement des gens dans une maison en verre ou une vitrine comme étant sur exposé pour le public. Et si le verre qui composait la maison ou la vitrine était vraiment des miroirs? Alors la personne à l'intérieur serait forcée de réfléchir sur lui-même.


https://youtu.be/sjT8qm6KDRM

vendredi 10 février 2017

HEMISPHERES (1978)




Intro

Rush est une formation pionnière du rock progressif des année 70, qui a influencé de nombreux groupes prog, hard-rock et heavy metal. Ce groupe canadien est composé du bassiste, chanteur et claviériste Geddy Lee du guitariste Alex Lifeson et du célèbre batteur Neil Peart. Pour bien des fans de rock, Peart est considéré comme le meilleur batteur de l’histoire. Acclamés pour leur virtuosité instrumentale, leurs paroles et la longévité de leur carrière, ils ont prouvé être maître de leurs instruments respectifs tout en créant de la complexe difficile mais populaire.

Pour les amateurs de hard-rock et de rock progressif, Rush est une véritable institution. Outre une belle discographie, remarquable de constance et de régularité (18 albums studio et 8 live depuis leur début en 1974, à raison d’un par an jusqu’en 1982), le groupe canadien est considéré comme l’inventeur du hard rock progressif et, par rebond, comme le précurseur du métal prog initié par Dream Theater avant de devenir un genre fécond à part entière au début des années 90. De fait, si son impact est générationnel, sa pérennité, en s’adaptant aux évolutions techniques et artistiques de la musique durant quatre décennies, lui a assuré de nouveaux fans en confortant les précédents.

Alors que l'album Moving Pictures est généralement considéré comme le chef-d'œuvre de Rush, Hemispheres est tout aussi digne et à mon avis, est le plus grand album que le groupe ai jamais fait.


Couverture de l’album

La couverture de l'album dépeint le conflit entre deux dieux de la mythologie Grecque, Apollon et Dionysos, représentés comme des hommes au sommet de moitié (hémisphères) opposées d'un grand cerveau humain. Apollon est sur le côté gauche, portant un costume d'affaires noir et un chapeau melon et tenant une canne, tandis que le Dionysus, nu, lui fait signe du côté droit. Il s’agit d’une symbolisation illustrée de la chanson Cygnus X-1 Book II Hemispheres.


Chansons de l’album

1. Cygnus X-1 Book II Hemispheres (18:04)

Paroles : Bien que les éléments de science-fiction ne sont pas aussi présent sur cet album que certaines créations précédentes du catalogue de Rush, Hemispheres contient de nombreux éléments fantastiques, notamment ceux qui se rapportent à la mythologie grecque. Cygnus X-1 Book II: Hemispheres est en partie une continuation de la dernière chanson de l'album précédent de Rush, A Farewell to Kings (Cygnus X-1, Book I: The Voyage), dans lequel le thème du héros, Cygnus, est revisité à la fois lyriquement et musicalement. Cependant, les concepts lyriques (écrits entièrement par Neil Peart) utilisés pour poursuivre l'histoire de cet album sont passés de celui de la science-fiction à la mythologie grecque, représentée dans ce cas par la dichotomie des Dieux Apollon et Dionysos. Cette mythologie est un véhicule pour explorer un autre concept, celui de la psychologie pop: plus précisément les différences entre la pensée du cerveau gauche et du cerveau droit, d'où le titre d'hémisphères. L'histoire de la suite latérale commence par une lyrique exposant la cause de la situation, étant la compétition des dieux Apollon et Dionysos pour le destin de l'homme. Tout d’abord, Apollon tente de courtiser les gens avec la vérité, la compréhension, l'esprit et la sagesse. Les gens se réjouissent de ces dons, mais ils sentent qu'il manque quelque chose. Dionysos entre dans la chanson à ce stade avec des promesses d'amour et suggère que les gens rejettent les ‘‘chaînes de la raison’’. Les villes sont désertées, alors que les humains quittent leurs domiciles afin de vivre en nature. Mais le peuple, ayant abandonné la raison, se trouve à la merci des éléments. Les gens ont commencé à se battre pour la solution de leurs maux, certains se rangent du coté d’Appollon, alors que l’autre moitié se range du côté de Dionysos. La civilisation devient donc divisée en hémisphères. Le focus se déplace maintenant vers le protagoniste, la légende Cygnus X-1. Il a piloté son navire directement dans le trou noir au sein de la fameuse constellation mentionnée sur la pièce Cygnus X-1, Book I: The Voyage (de l'album précédent A Fairwell To Kings). Il émerge maintenant dans l'Olympe, la maison des dieux grecs, en tant qu’esprit désincarné. De là, il a une vision neutre de la bataille et peut voir que les gens se sont divisés par une fausse dichotomie. Son cri silencieux de terreur est entendu par tous, même les dieux eux-mêmes, qui reconnaissent la sagesse de sa vue, le perçoivent comme un Dieu et le baptisent Cygnus, le Dieu de l'équilibre. La suite se termine par un mouvement court et tranquille dans lequel il raconte sa vision de la façon dont les gens devraient vivre: avec le cœur et l'esprit unis dans une seule sphère parfaite.

Mélodie : Cygnus X-1 Book II Hemispheres contient six sections distinctes, mais elles se mélangent presque parfaitement. Le jeu de basse de Geddy Lee est plutôt sophistiqué, et sa voix commence à mûrir à ce point. La guitare d'Alex Lifeson se déplace brillamment entre les accords propres à des rythmes croquants tout au long de la chanson. Les tambours de Neil Peart sont efficaces et se démarquent plus qu'ils n'en avaient jusqu'à ce point. J'aime vraiment les arrêts brusques qui ponctuent la pièce. L'utilisation du synthétiseur est minime, pourtant il y a des sections atmosphériques où les voix de Lee sont subjuguées par elle. Une courte pièce acoustique conclut la chanson, servant d'épilogue. Probablement l’une des meilleures pièces jamais enregistrée par le groupe.



2. Circumstances (3:40)

Mélodie : Circumstances est une pièce totalement rock à son état pure ; un riff rempli d’attitude et de beauté, un rythme endiablé de batterie et bien sûr, la voix décapante de Geddy Lee. Cette chanson n’a rien de prog en apparence, mais complimente, toute-fois, merveilleusement les autres pièces de l’album.

Paroles : Circumstances est un récit autobiographique de Neil Peart, avec des références au temps qu'il a passé en Angleterre avant de retourner au Canada et de rejoindre Rush.




3. The Trees (4:42)

Paroles : The Trees est l'une des chansons les plus populaires de Rush. C'est une fable racontant une forêt souffrant de la concurrence des grands chênes et des érables. Ces derniers se plaignent que les chênes bénéficient de toute la lumière du soleil, alors que les chênes déclarent que les érables sont tout simplement trop courts. En fin de compte, personne ne gagne car les arbres sont tous maintenus égaux par la hache et la scie. En apparence enfantines, ces paroles sont de la haute poésie. La signification est en fait très simple. Nous ne sommes pas tous égaux en tous points. Toute tentative de créer artificiellement l'égalité universelle est finalement condamnée à l'échec. Mais quelle que soit l'iniquité de la vie, la mort nous attend tous. En fin de compte, nous finissons tous de la même façon.

Mélodie : Centré sur le thème de l'injustice inéquitable et finalement remplacé par l'équité forcée, le thème de la chanson est commodément reflétée par l'instrumentation variée, manipulée avec un sens de la vision musicale fine: une intro par la guitare classique, suivi de séquences plus rock passant de 4/4 à 6/4 avec une fluidité totale, un bref intermède introspectif dans lequel le solo de synthétiseur et les cloches à vaches dépeignent une forêt dans un état de calme avant la tempête. Chaque élément de cette chanson exprime la grandeur véhiculée en elle dans son ensemble.



4. La Villa Strangiato (9:35)

Mélodie : La Villa Strangiato est probablement la meilleure chanson de hard rock prog jamais réalisée. Elle contient un riff basé sur la chanson Powerhouse composée par Raymond Scott en 1936. Cette chanson a été largement utilisée dans divers dessins animés depuis les années 40. Plus important encore, La Villa Strangiato représente un instrumental montrant la musicalité du groupe dans son ensemble, ainsi que chaque membre individuellement. À chaque écoute, il est très difficile de croire que cette explosion sonore est le fruit de seulement trois musiciens. Tout au long des 12 sections contenu dans la pièce, affichées dans un temps de 9 minutes et demie, le trio expose leurs capacités techniques et leur polyvalence combinée afin de créer un voyage à plusieurs facettes à travers les royaumes du rock progressif symphonique, du hard rock, du jazz rock, de la musique arabe (comme en témoignes certaines ambiances étranges) et même une intro mémorable mais brève de Flamenco. Les gars semblent être à l'aise de remplir une tâche aussi exigeante, s'amuser tout en défiant l'auditeur avec toute la complexité écrasante qui est contenue dans la pièce.

Quel moyen fantastique de fermer un album!


samedi 28 janvier 2017

IN THE LAND OF GREY AND PINK (1971)





Intro

Voyage en ailleurs... Et en occurrence au cœur du progressif, première période. La plus riche en émotions et en innovations, disent les fans de la première heure. Considérons avant tout que plutôt de lancer de stériles débats, divisant plus qu’ils ne rassemblent, il vaut mieux prendre ce qu’il y a de meilleur à aimer dans chacune des deux grandes époques du rock progressif, 1969 à 1979 et post 80. Il n’en demeure pas moins que les premières années du genre se sont déroulées dans un véritable bouillon de cultures, alors que ce sont brassées et mêlées en toute liberté créatrice des influences variées, jugées incompatibles par le politiquement correct de l’époque. À commencer par le jazz et le rock. Mais le chaudron du prog avait de véritable pouvoirs magiques et les druides qui présidaient aux rituels plaçaient l’esprit et les oreilles des mortels sous leurs charmes enchanteurs. Comment expliquer autrement l’effet produit dés la première écoute du fantastique In The Land Of Grey And Pink. Un véritable périple dans un monde fantastique, un peu semblable à l’univers de J.R. Tolkien (auteurs des chefs-d’œuvre littéraires que sont Lord Of The Rings et The Hobbit, entres autres). Comment expliquer aussi que, juste après cette parution, il est devenu, logiquement, l’un des albums référentiels du rock progressif, au même titre que Meddle de Pink Floyd, Nursery Cryme de Genesis, Tarkus d’Emerson, Lake & Palmer, Pawn Hearts de Van Der Graaf Generator ou Aqualung de Jethro Tull, tous sortis la même prolifique année ?

Malgré ce 3e album sublime, Caravan n’aura pourtant pas eu les honneurs de ses glorieux contemporains auprès de la presse spécialisée et du grand public ou de la postérité. Moins célèbre même que Camel qu’il aura pourtant inspiré, Caravan est connu et reconnu en son temps, et plus encore aujourd’hui, des seuls initiés du rock progressif, qui le considèrent comme l’une des comme l’une des plus brillantes formations du genre. Une juste compensation mais une compensation quand même, ce qui pose le dilemme philosophique : vaut-il mieux être simplement connu du plus grand nombre ou vraiment considéré d’un cercle de connaisseurs ? En toute objectivité, ce décalage de notoriété entre Caravan et ses alter ego réside dans la différence manifeste de leurs discographies, non en termes quantitatifs, mais de constance au plus haut niveau. À l’instar des groupes plus connu du grand public, Caravan n’a qu’un seul, ou peut-être deux, albums considéré comme des grands classiques. C’est donc sur ce seul ‘‘Pays du rose et gris’’ que repose la haute estime des experts du rock progressif, ce qui donne une idée de sa grande valeur, ceci dit. De fait, c’est un monument qui s’apprécie dès sa première écoute et qui laisse inlassablement découvrir tous ses charmes à chaque fois.

Issu, comme Soft Machine, de la fameuse école de Canterbury, Caravan imprègne lui aussi sa musique de jazz, mais d’une manière moins directe, le posant en toile de fond sur laquelle il applique ses aspirations rock et pop. L’autre différence se situe dans la durée des morceaux, Caravan n’optant pas pour la démarche de petits collages dadaïstes (Mouvement artistique, créé en 1916, protestant par la dérision et l'irrationalité contre l'absurdité universelle.) de Soft Machine pour développer au contraire des trames plus ou moins longues (en l’occurrence de 3 minutes pour Love To Love You, à 23 minutes pour Nine Feet Underground, dont il est question plus loin.) La formation des cousins Sinclair (David l’organiste et Richard le bassiste / chanteur à la voix dorée), Pye Hastings (guitares et chants) et Richard Coughlan (batterie), se distingue enfin de Soft Machine par l’influence folk toujours présente dans son rock progressif. In The Land Of Grey And Pink est un chef d’œuvre comptant parmi les vingts œuvres maîtresses du rock progressif.


Les Chansons

1. Golf Girl (5:05)

L’influence folk du groupe se voit dès l’inaugurale Golf Girl, qui s’ouvre sur un air de trombone et se poursuit comme une balade ludique et bucolique déjà pleine de charmes.

La chanson apporte un groove de basse mémorable, de petits intermèdes soignés et une partie de flûte absolument magnifique de Jimmy Hastings. Le mellotron et le bourdonnement d’orgue (dans un style très unique se rapprochant à un débit de code Morse) de David Sinclair exerce un fond sonore parfait pour accompagner ces deux dernier. Golf Girl est extrêmement britannique, les paroles sont la principale raison de cette constatation. Ce n'est pas seulement la mention du thé qui rend cette chanson si quint essentiellement anglaise, mais le style d'écriture des paroles elles-mêmes est différent de ceux que vous trouverez ailleurs. C'est une chanson très amusante, avec un son légèrement commercial. Les paroles surréalistes sont très attrayantes. Vous ne pouvez pas vous empêcher de sourire et de chanter à l’écoute de cette piste. Certes, il ne pouvait pas y avoir une ouverture plus accrocheuse pour cet album.

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2. Winter Wine (7:46)

Winter Wine enchaîne pour raconter, durant près de 8 minutes, les aventures de courageux chevaliers combattant de dangereux dragons, avec des images fantastiques. Les paroles attirent vraiment l'attention et peuvent être légèrement sexuelles quelquefois, un autre trait typique du genre issu de la scène de Canterbury : ‘‘A dull red light illuminates the breasts of four young girls, dancing, prancing, provoking!’’. Même s’il s’agit que d’un simple petit détail, je trouve l'effet sonore des cloches pour coïncider avec la ligne "Bells chime three times" un excellent clin d’œil. Les chants rêveurs et nostalgiques de Richard Sinclair sont autant un point culminant que les mélodies sophistiquées et mémorables. D'une jolie intro acoustique et vocale de Richard Sinclair, à travers des pièces plus dramatiques et plus résistantes, des parties d'orgue et des sonorités romantiques, l'émotion est à l’honneur du début à la fin. Il y a quelques crochets et passages typiquement prog et un solo instrumental tout à fait sublime. Un fort ‘‘jam’’ basée autour de l'orgue de David Sinclair, soutenue par des harmonies touchantes, pour finalement faire place à une fin de rêve, en gardant une prise ferme sur les émotions. Un vrai triomphe.

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3. Love To Love You (and Tonight Pigs Will Fly) (3:06)

Love To Love You (And Tonight Pigs Will Fly) est l'une des chansons les plus trompeuses et intelligentes de Caravan. Si vous écoutez de façon décontractée, la longueur et le ton de la chanson et du chœur vous feront croire que ce n'est rien d'autre qu'une simple chanson pop sur l'amour. Cependant, cela ne pourrait pas être plus loin de la vérité. Tout d'abord, vous n'aurez probablement pas remarqué que la chanson est entièrement en 7/8, un trait progressif si jamais il y en avait un. C'est en grande partie en raison de l'excellence constante de la batterie de Richard Coughlan et d’un autre très beau passage de la flûte de Jimmy Hastings. Deuxièmement, écoutez plus attentivement les paroles du verset, et vous vous rendrez compte qu'ils sont en fait assez tordus et sombres : ‘‘But you just smiled and gently shook your head and put a hole through me so I was dead’’. Écoutez le reste des paroles, et vous vous rendrez compte qu'il n'y a rien de simple sur cette chanson, en apparence, douce et innocente.

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4. In The Land Of Grey And Pink (4:51)

La chanson titre est fort probablement la plus Tolkien-esque de tout le répertoire du rock progressif. Dés que Richard Sinclair débute l'interprétation, de sa voix douce, ténébreuse et rêveuse, ont se sent aussitôt plongé dans un univers semblable au monde fantastique imaginé par l'auteur. Des lieux tel la comtée : "So we'll sail away for just one day to the land where the punk weed grows. You won't need any money, just fingers and your toes, and when it's dark our boat will park on a land of warm and green. Pick our fill of punk weed and smoke it till we bleed, that's all we'll need", là où vivent des créatures comme les Hobbits, par exemple : "In the land of grey and pink where only boy-scouts stop to think. They'll be coming back again, those nasty grumbly grimblies, and they're climbing down your chimney, yes they're trying to get in. Come to take your money, isn't it a sin, they're so thin ...". Il faut souligner le jeu de guitariste de Pye Hastings, notamment sa façon de claquer ses accords en acoustique. Ceci marque surtout la chanson, se déroulant avec une renversante fluidité dans un esprit de simplicité confinant à la perfection. Tout y est merveilleux, à commencer par la ligne de chant de Richard Sinclair, à la fois si évidente et extra-terrestre (cette sensation qui vous remue les tripes, avant de sonder les profondeurs insoupçonnées de votre cerveau, à chaque réécoute du premier couplet). Richard Coughlan offre une autre performance de batterie particulièrement soignée. Les deux solos successivement exécutés au piano (en épuré) puis à l’orgue (plus triomphant) entretiennent une magie stupéfiante qui opère toujours pour recréer un climat unique, évoquant souvenirs les plus beaux et les mêlant à nos espérances de notre enfance révolue, pour les confondre dans un sentiment à la fois cruel et optimiste.

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5. Nine Feet Underground (22:40)

On peut lire régulièrement dans les ouvrages et sur les sites spécialisés que ce disque résume les talents protéiformes (qui change de forme très fréquemment) de Caravan en se scindant en une première partie (ou face sur le vinyle) composée de titres ramassés et légers, et d’une seconde remplie d’une longue suite. De fait, cette œuvre majeure compte un diamant avec Nine Feet Underground. Contrairement à la croyance populaire que le titre de la chanson soit basé sur le sujet de la mortalité, le groupe a nommé la chanson de cette façon parce qu'elle a été composée dans un sous-sol, le style d'humour typique provenant d'un groupe de la scène de Canterbury. Répondant à la sobriété de la chanson précédente, cette épopée composée par David Sinclair multiplie les thèmes mélodiques à tiroirs pendant près de 23 minutes de bonheur difficile à décrire. Caravan y est en état de grâce, qu’il s’agisse de la prestation technique des musiciens (qui gardent cependant toujours l’élégance de ne pas trop en jeter) ou de l’émotion que la pièce dégage. La suite se débute par un riff de guitare infectieux, puis se déplace dans une myriade de directions musicales par une signature de temps inter changeante. Les interventions de premier ordre du saxophone et de la flûte ne font pas oublier l’orgue feutré et omniprésent. Autant de mélodies pénétrantes qui impriment des paysages variés dans l’esprit envoûté de l’auditeur, paysages de nuits étranges avec les extraordinairement paisibles accord de piano du segment de 10:47 à 11:55, suivis d’un orgue virevoltant d’abord, pesant et inquiétant ensuite. Intervient alors la voix douce et rassurante de Richard Sinclair, pour une délicate ballade avant que les instruments ne reprennent la parole avec une énergie et des boucles mélodiques. C’est même sur un autre gros riff que s’achève le voyage au pays du gris et du rose, laissant pour morale le fait que deux couleurs jugées fades peuvent suffire à créer un monde plus merveilleux que la réalité; et laissant pour seule envie d’y retourner sans attendre.

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vendredi 20 janvier 2017

MIRAGE (1974)



Intro

Camel, le moins majeur des groupes cardinaux du rock progressif des années soixante-dix ? Ou le plus important des groupes du deuxième rang ? Le consensus semble choisir les deux réponses à la fois car tout dépend des critères retenus. Si l’on considère le nombre d’albums majeurs (trois ; Mirage, Snow Goose et Moonmadness) au sein de sa discographie, son succès populaire et la marque qu’il a laissée de son temps, on penchera pour la deuxième option, partant du principe que les Genesis, Yes, Pink Floyd et Emerson, Lake & Palmer ont, à chaque fois, fait plus et mieux. Mais si l’on aborde la question sous l’angle de la qualité de ses trois albums majeurs (chiffre déjà plus important que le nombre des autres formations de second rang), l’essence même de leur rock progressif, la nature et l’intensité des sentiments qu’il génère, on se doit d’en conclure par la première hypothèse. Deuxième opus du groupe anglais, l’album Mirage en est l’argument le plus évident. Car il est, au risque de tomber dans la tautologie (une proposition toujours vraie), l’esprit et l’essence même du rock progressif, du moins de son pan le plus large : celui qui marie rock et jazz, légèreté et profondeur, qui embrasse l’image d’un passé révolu et fantastique, d’une vision d’un futur lointain et merveilleux de science-fiction (cette dernière frappant le plus fortement l’esprit). Son pouvoir évocateur et onirique est, avec celui de Pink Floyd, le plus puissant du genre, déjà pourvoyeur le plus efficace de l’ensemble de la musique en voyages spatio-temporels. L’embarquement en première classe se fait sans réservation et la magie opère sans s’éroder à chaque nouvelle écoute. L’ambiance caractéristique du groupe repose avant tout sur le son ouaté, qui permet aux solos de guitares et de claviers, fabuleux de mélodies et d’énergies, de trouver leur pleine expression sans étouffer les autres instruments. Ni jamais tomber dans la démonstration gratuite. Question de bon goût et d’intelligence indubitablement, mais aussi de plaisir manifeste de jouer dans le seul but d’une efficacité optimale d’un plaisir en adéquation parfaite pour l’auditeur.

Composée par deux musiciens hors pair que sont Andrew Latimer (guitares, flûte et chants) et Peter Bardens (orgue, piano, mini-Moog, Mellotron et chants), la musique de Camel se développe à la croisée des chemins du raffinement symphonique doublé de ruptures de rythmes à la Genesis, et de la légèreté jazzy de l’école de Canterburry (Caravan, Soft Machine, Hatfield & The North, etc …), avec un son de clavier similaire. Etayé par les jeux carrés et symbiotiques de la batterie d’Andy Ward et de la basse de Doug Fergusson, cette alchimie donne un style immédiatement reconnaissable.

Mirage compte parmi les albums majeurs de l’histoire du progressif et les meilleurs de sa première période des années soixante-dix. Si sa pochette a marqué son temps (elle reprend le chameau d’une marque de cigarettes), il est d’autant plus étonnant et injuste qu’il soit méconnu du grand public, car ce chef-d’œuvre réussit le miracle d’être à la fois l’une des portes les plus accessibles et séduisantes pour entrer dans l’univers du rock progressif, et d’être suffisamment riche et ambitieux pour permettre d’en découvrir les trésors et mystères réservés aux seuls initiés. Parfois les mirages réservent ainsi les plus belles surprises …


Les Chansons

Camel savait toujours que leur force était dans la musique instrumentale. Les chants et complexité des paroles de Latimers et Bordens sont donc raisonnablement maintenu à un minimum dans l’album et les mélodies conduisent le noyau sonore. J'aime les considérer comme un groupe de rock progressif instrumental qui a accepté à contrecœur de mettre des voix sur certains de leurs airs afin d'apaiser les craintes de leur maison de disque. D’ailleurs, Camel tentera le coup durant l’album suivant Mirage, The Snow Goose, avec brio. En l’occurrence, j’ai donc choisi de m’attarder plus particulièrement sur le travail instrumental de Camel sur l’album Mirage, puisque là est la véritable perle de cet opus.

1. Freefall (5:47)

Freefall est parfaitement à la hauteur de son titre; avec torsion, tournant, segments de chute libre purement magique. La guitare de Latimer et les claviers de Bardens s’affrontent doucement en duel, la basse et la batterie fournissent un soutien solide ainsi qu’un contrepoint rythmique. Les lignes vocales sont assez amusantes et servent plus à créer un effet sonore qu’à livrer un message.



2. Supertwister (3:20) 

L’instrumental Supertwister démontre à nouveau à quel point Camel irait à rêver des titres aptes à leurs structures musicales. La mélodie se tord et tourne à travers diverses signatures de temps et des clés, chacune plus à couper le souffle que la dernière. La travail de flûte de Latimer à environ 1:30 doit être entendu pour être cru, on jurais que les oiseaux volaient hors de ses haut-parleurs. D'une manière ou d'une autre cette piste est seulement 3:20, pourtant elle est emballée d’idées incroyables. On souhaite quasiment qu’elle soit 10 fois plus longue.



3. Nimrodel / The Procession / The White Rider (9:12)

Pièce centrale, dans tous les sens, de l’album. La signification des paroles font figure à part sur cet ouvrage, puisqu’elles racontent vraiment une histoire. Emprunté sur le mythique récit Lord Of The Rings, elles traitent de plusieurs passages clés du monde merveilleux inventé par Tolkien. Mais une fois de plus, c’est la musique qui fait foie de tout dans cette chanson. Tout d’abord, une ouverture magnifique et exotique soulève le rideau et introduit par la suite des sons de cloches et des bruits de foule. Les effets sonores mélangés au doux synthétiseur créent une incroyable marche médiévale. La chanson nous emmène alors sur un voyage spatial de découverte, rempli de hautbois et, bien sûr, de flûte. Il y a incroyablement plus de rebondissements, de changements clés, de cadences étonnantes et de puissantes mélodies dans cette seule piste que sur l'album moyen de Genesis, aussi incroyable que cela puisse paraître. Les mots ne suffisent pas à décrire les joies que procure l’écoute de cette piste. 



4. Earthrise (6:42) 

Si vous avez la version en vinyle, alors c'est à ce point que vous réalisez avec plaisir que vous avez un autre côté à explorer. Mais comment pourrait-on possiblement obtenir quelque chose de mieux que l’explosion sonore de la face A? La réponse vient dès que l'aiguille tombe sur la toute première pièce de la face B, Earthrise. Camel est bien dans le ‘‘groove’’ prog sur ce côté, et le son classique du groupe se rétablit après une introduction ‘‘space’’ scintillante. Ferguson fourni une magnifique sonorité de basse comme d'habitude avant de revenir sur le groove légèrement funky du groupe établi sur la première face, ainsi que des textures légèrement plus foncées et plus boueuses. Lattimer nous démontre tout l’étendu de son talent de guitariste, nous faisant questionner s’il y a une limite à la virtuosité de ce dernier. Bardens démontre alors ses compétences équivalentes au clavier pour offrir un équilibre parfait. 



5. Lady Fantasy (12:46)

Le groupe a gardé leur joyau pour la toute fin. J'ai peut-être enthousiasmé les premières pistes de cet album, mais je ne peux même pas commencer à décrire la pure beauté des mélodies, des structures, des timbres, du rythme et de l'harmonie de la pièce ... Bien qu’ils ne soient jamais le moment fort de n’importe quelle chanson de Camel, je ne peux même pas ignorer les chants mélancoliques de Latimer sur cette pièce. Un véritable feu roulant sonore, Lady Fantasy est rempli de moments qui vous renverse littéralement de votre fauteuil confortable; un brûlant solo de clavier, un changement de tempo dramatique que Latimer gratifie avec quelques pistes de guitare brillantes, et au-delà des solos, quelques-unes des mélodies mémorables les plus déchirantes que j'ai entendues du prog-rock, un fade-out atmosphérique par la guitare gonflé, avant le retour des chants, puis Camel prend feu avec un hard-rock (rempli de solos du duo monstre Bardens / Latimer) avant que l'une de ces mélodies retourne pour fermer la piste. Il s’agit définitivement d’un chef-d’œuvre et de la plus grande chanson du catalogue de ce groupe très important du rock progressif. 



samedi 14 janvier 2017

PER UN AMICO (1972)



Intro


Impossible de traiter du rock progressif dans les années soixante-dix sans évoquer l’école italienne de ce genre. Significative est la forte personnalité émanant des meilleurs représentants de la ‘’bottine transalpine’’, constituant par là même un mouvement à part entière dans le genre, comme l’ont été au même moment le Krautrock allemand de Kraftwerk, Klaus Schulze, Can, etc., ou la scène anglaise de Canterbury dont les deux murs porteurs ont pour nom Caravan et Soft Machine. De la triade majeure du rock prog italien, composé de Banco Del Mutuo Soccorso, de Le Orme et de Premiata, Forneira, Marconi, c’est ce dernier qui s’est le plus distingué, non seulement par sa riche discographie en italien et en anglais, mais aussi en raison de son succès à l’international, notamment en Angleterre, aux Etats-Unis, au Canada et au Japon.

Fondé en 1970, Premiata, Forneira, Marconi (qui tire son nom d’une boulangerie) réunit Franco Mussida (guitare et chant), Franz di Cioccio (batterie et chant), Flavio Premoli (clavier et chant), Giorgio Piazza (basse) et Mauro Pagani (violon, flûte et chant). Pagani s’impose d’emblée comme la pièce maîtresse dans le dispositif. Si PFM (plus souvent appelé comme cela, vue la longueur du nom véritable du groupe) n’a cessé son activité que durant dix ans, jalonnant sa carrière de dix albums studios, il n’en demeure pas moins que c’est son parcours durant la première moitié des années soixante-dix qui est aujourd’hui encore le plus coté chez les amateurs de rock progressif.

Per Un Amico (For a Friend) est un chef-d'œuvre de Progressive Rock tout au long de son écoute. PFM prouve leur capacité à livrer un album complet allant de passages de guitare acoustique sereins à de lourd passes de mellotron trempé programme de respirations lourdes. Il ne devient jamais trop sombre et offre de forts aspects symphoniques, s’inspirant des traits de caractéristiques de groupes iconiques tels que Genesis, Yes et parfois King Crimson. Les chants sont en italien et comme la plupart des sorties de PFM, la musicalité est très élevée. Les chansons de "Per Un Amico" sont bien écrites et interprétées, ont une vraie beauté et gagne à être entendu pour être compris, malgré la complexité d’une langue étrangère.


Les Chansons

1. Appena un Po' (7:43) 

Mélodie : Appena un po, le morceau d'ouverture, est une grande chanson. Le début calme et placide, très symphonique et pastoral, avec de jolies mélodies médiévales et folkloriques laisse place à un moment complexe où un thème jazz-rock fusion, très similaire au style de King Crimson, plus particulièrement sur l’album In The Court Of The Crimson King, fait un effet de contraste typiquement propre au rock progressif, avant de faire place aux chants. Les voix s’entassent doucement, comme une belle chorale, pour être ensuite supplanté par une brillante passe de mellotron de Flavio Premoli. S’ensuit d’un exemple parfait de la virtuosité de ces musiciens malheureusement peu connu, une partie géniale, très progressive, où tous les instruments agissent dans une série d'airs homogènes. Tout en étant très proche du style anglais, c’est une musique tout à fait Italienne. Approchant de la fin, la mélodie devient grandiose. Le clavier magistrale aspirant toutes les notes vers un vide sonore. Une grande ouverture pour un grand album.

Paroles : Les paroles sont sur le désir d'échapper à la réalité, ils correspondent parfaitement à la musique et le résultat est génial. Vous pouvez trouver une autre version de cette chanson sur l’album Photos of Ghosts (la pièce se nomme River Of Life) avec des paroles anglaises écrites par Peter Sinfield, mais je préfère de loin la version originale.



2. Generale (4:18) 

Mélodie : Generale est une bonne piste instrumentale où tous les membres du groupe démontrent leur grande musicalité. La guitare électrique domine au milieu de tous les autres instruments et il y a une atmosphère de rock notoire. Après une introduction "jazzy" avec un grand travail de batterie, une marche militaire se déclenche sous la direction du tambour et de la flûte. Viennent ensuite l'orgue, le violon et les autres instruments pour la finale. 



3. Per un Amico (5:23) 

Mélodie : La pièce-titre est décorée par une délicieuse ouverture de flûte et bientôt le chant apparaît accompagné d'un merveilleux et significatif support de mellotron. La section solo est intensément partagée entre le violon et la guitare acoustique avec une forte présence de la basse; synthés et piano font la fermeture magnifique. 

Paroles : Per un amico suggère un doux chemin à la révolution en donnant des conseils amicaux sur la nécessité de revenir du rêve à la réalité et de lutter pour un monde meilleur. Il n'y a pas de cris ou de rumeurs de guerre ici: les voix rêveuses et l'humeur romantique de la première partie de la pièce contrastent avec la section de fermeture instrumentale et les paroles correspondent très bien à la musique. À mon avis, la version anglaise intitulée "Photos Of Ghosts" (avec des paroles totalement différentes) ne rend pas du tout justice à la pièce originale. 



4. Il Banchetto (8:39) 

Mélodie : Il banchetto est pour moi le prototype de la chanson prog-rock de taille moyenne. Il s’agit vraiment d’un pure ‘’banchetto’’ (banquet) pour les oreilles. Même la description du thème est difficile en raison des changements continus et des signatures différentes. La sérénade initiale avec des voix douces et des guitares va dans un crescendo vers une sorte de segment éthéré, agréable, clair et majestueux. La section centrale nous transmet à une rêverie irréelle où l'auditeur s'envole à des mondes lointains et impressionnants. La partie finale est calme et sophistiquée. Après la piste d'ouverture, c'est de loin ma chanson préférée de l'album. 

Paroles : Il Bancheto est une chanson complexe et politiquement engagée. Les paroles dessine l'image d'un banquet dans une cour du roi, tandis qu’à l'extérieur le peuple est affamé. 



5. Geranio (8:03) 

Mélodie : La piste de fermeture a de grands moments mais avec moins de puissance que les pistes précédentes. Cependant, c'est une chanson avec la marque caractéristique PFM: un début doux et agréable, un noyau toujours étonnant avec de grandes variations de signature et une fin très surprenante. 

Paroles : La dernière piste Geranio (Geranium) comporte des chants presque chuchotés et une humeur onirique. Les paroles se composent principalement de diverses descriptions de la nature afin de créer une atmosphère de tendresse et de légèreté. 



Une fois l'album terminé, une sensation de 'j’en veux plus' reste pour l'auditeur et la solution est d'entendre et entendre à nouveau; c'est totalement sain pour l’esprit. En tant qu'élément naturel du premier album (Storia Di Un Minuto), Per Un Amico doit être traité de manière égale : une œuvre magistrale.